Ludmila ODELL- and it tastes just like cherry cola

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♣ Un père n'est pas celui qui donne la vie, ce serait trop facile,
un père c'est celui qui donne l'amour.

Naître dans un foyer où l’amour est omniprésent est une force. C’est ce qu’on m’a toujours dit.
Avec du recul, je peux maintenant affirmer que c’est vrai. L’amour de ma famille m’a aidé à devenir ce que je suis. Ma famille : elle est composée d’une seule personne, mais ça me suffit. Mon père, ce héros. C’est ce qu’il est à mes yeux. Un héros. Et ce depuis toujours. Même si je ne l’ai vraiment compris qu’il y a quelques années. Avoir un enfant a 19 ans, puis se retrouver à l’élever seul alors que l’amour de votre vie vient de mourir… Je n’avais pas l’âge pour comprendre ce que ces sacrifices représentaient.
Ma mère est morte quand j’avais 5 ans. J’ai très peu de souvenirs d’elle. Pourtant, je me souviens de tous les détails cette pluvieuse journée d’automne, où mon père m’a expliqué que maman ne rentrerait pas. Je ne me souviens pas avoir pleuré. Pas immédiatement en tout cas. J’étais trop petite pour comprendre. Je n’avais réalisé que quand j’avais remarqué que mon père ne chantait plus.

Nous sommes alors partit de Miami pour Point Place. Mon père m’expliqua qu’on déménageait parce qu’on lui avait proposé un meilleur emploi là-bas, et qu’il gagnerait plus d’argent. J’avais alors naïvement demandé si cela voulait dire que j’aurais enfin un poney. Ce n’est que bien des années plus tard que je m’étais doutée qu’en s’éloignant ainsi de Miami, il s’éloignait de souvenirs trop douloureux.
Je m’adaptais bien à ce nouvel environnement. Je pense que, même si je ne m’en rendais pas compte, déménagé avait aussi été bénéfique sur mon moral.
Je devins la terreur des cours de récré. Il ne se passait pas une semaine sans que mon père ne soit convoqué par le directeur. Il me faisait alors les gros yeux mais ne pouvait s’empêcher de rire. J’étais tout le contraire de lui à son âge. Il s’assura néanmoins à ce que je ne sois pas méchante avec d’autres enfants, que je ne leurs fasse pas subir ce que lui avait subit étant enfant. Généralement, je me battais avec les garçons, parce qu’ils ne m’acceptaient pas dans leurs jeux. A 8 ans, j’étais devenue la chef du « gang », dont j’étais la seule fille. Les garçons qui osaient me défier se retrouvaient à pleurer dans les jupes de notre maîtresse, le nez en sang.

Puis arriva le collège. Là aussi, je me bâtie vite une réputation de garçon manqué. Je n’avais aucune amie fille, au grand dam de mon père, qui ne le montrait pourtant pas. J’étais dans toutes les bagarres, et dès qu’il y avait une bêtise de faite, on pouvait être sûr que mon nom ressortirait tôt ou tard. Pourtant, j’étais une excellente élève. Sur mes bulletins, mes profs se plaignaient que mon comportement ne s’alliait pas avec mes excellents résultats. Un jour, je devais avoir 13 ans, mon prof principal alla même jusqu’à dire à mon père que c’était dû à l’absence de présence féminine dans ma vie. Mon père répliqua, mais le lendemain, nous nous retrouvions tout les deux à faire du shopping au centre commercial. Ce qui m’avait paru une corvée ce transforma finalement en formidable journée. Depuis, je suis un peu plus féminine, mais ce n’est pas pour autant que je fus moins mêlés aux bagarres du collège.

La fin du collège arriva comme une libération. Le lycée. Enfin. Et qui disait lycée disait Glee-Club.
C’est ce que je croyais.

« Je te déteste ! »
Les mots étaient sortis, tranchant. Je les regrettais aussitôt. Ou pas. Comment osait-il, comment pouvait-il me faire ça ? Il n’avait pas le droit. Il savait que le chant était toute ma vie. J’étais comme lui après tout.
Mais je n’allais pas en rester là. J’allais tout faire pour qu’il comprenne que j’avais ma place dans le Glee Club.
Quitte à aller trop loin.